Quelle politique publique pour afffronter les défis actuels?
Matola (Maputo, Mozambique),-- Le mouvement international paysan Via Campesina plaide pour la définition de nouvelles politiques publiques, mettant l’accent sur la souveraineté alimentaire, pour affronter les défis qui secouent actuellement le monde.
Cette position de “globalisation de la lutte antinéolibérale vient d’être souligné par la Via Campesina, en ouvrant sa cinquième conférence internationale à Matola, localité située à une vingtaine de kilomètres de Maputo, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Le président du Mozambique, Armando Emilio Guebuza, qui assistait à l’ouverture de la cérémonie officielle d’inauguration des travaux, se félicite de la volonté, des membres de Via Campesina, à formuler des propositions de solutions face aux défis mondiaux actuels : effets des changements climatiques, crise énergétique et alimentaire, crise financière affectant les principaux marchés internationaux.
Avant de préciser l’orientation du Mozambique sur les revendications de Via Campesina, Guebuza entend d’abord réaffirmer la détermination de son gouvernement à “éclaircir définitivement les circonstances de l’assassinat” de Samora Moises Machel (qui proclama l’indépendance et fut le premier chef d’Etat du Mozambique) et de ses 33 compagnons nationaux et étrangers, dont le 19 octobre 2008 rappelle le vingt-deuxième anniversaire.
Guebuza attribue au cycle vicieux de leurs conditions de pauvreté l’absence de volonté, par beaucoup de pays en voie de développement, d’exploiter leur grand potentiel agricole qui “contribue, de manière substantielle, à leur Produit intérieur brut (Pib).
De plus, dit-il, il faut ajouter un ensemble de problèmes structurels, tels le manque d’accès aux technologies de production, de transformation et de conservation des produits agricoles, l’insuffisance de techniciens agricoles et d’intrants, la dépendance, en relation aux caprices de la nature, par manque ou déficience des infrastructures de conservation et d’utilisation des ressources hydriques, la déficience de réseau de transport et de commercialisation des produits agricoles ainsi que la perception de considérer l’agriculture comme activité de risque et, par conséquent, de limitation d’accès au crédit.
Le président du Mozambique appelle à conclure l’accord de Doha pour favoriser l’accès des produits des pays du Sud aux marchés internationaux sans l’imposition de barrières tarifaires et techniques commerciales (considérées comme sanitaires et phytosanitaires).
Ce sont, d’ailleurs, divers facteurs, signale Guebuza, qui ont un impact sur le non accomplissement des objectifs du millénaire pour le développement.
Il cite la faiblesse de la production et de la productivité agricoles pour éradiquer la pauvreté extrême, la sécurité alimentaire et nutritionnelle qui pourrait éliminer la malnutrition chronique et l’anémie – lesquelles donnent des taux élevés de mortalité infantile ainsi que des complications de santé materno-infantile, l’agriculture qui ne fournit pas les aliments nécessaires pour les personnes vivant avec le Vih-Sida et d’autres maladies, de même l’incapacité de l’agriculture à disposer de ressources appropriées pour espérer contribuer à l’équité de genre et l’émancipation de la femme dans l’éducation des filles.
Devant cette réalité, Armando Emilio Guebuza affirme que son gouvernement a consenti un investissement de 7 millions de meticais (environ 300 mille dollars américains) pour chacun des 128 districts du Mozambique [qui couvre 799,380 km2 pour une population de plus de 20 millions d’habitants] afin d’impulser l’agriculture de petite échelle (petites surfaces).
Guebaza déclare défendre un processus de développement endogène, soutenu et réfléchi des paysans.
Tout en demandant aux paysans mozambicains de continuer à renforcer leurs organisations et être les protagonistes de leur propre développement, Guebuza annonce la promotion, par son gouvernement, de l’utilisation des fertilisants organiques, de la traction animale de méthodes de gestion de citernes et réserves d’eau.
Parallèlement, le gouvernement mozambicain entend agir sur les recherches scientifiques et biotechnologiques afin d’améliorer les espèces animales et végétales, l’augmentation du nombre d’ « extensionnistes » (de techniciens agricoles) et l’amélioration de leurs conditions de travail, la promotion de l’agro-transformation, la réhabilitation et l’expansion du réseau ferroviaire, de l’énergie et des télécommunications en vue de faciliter le transport et la commercialisation des produits agricoles.
Préoccupation de l’Unac
Interrogé par AlterPresse sur la position du gouvernement mozambicain, l’Union nationale des paysans de ce pays affirme ne pas partager la vision des dirigeants qui font un pari sur ce qu’il est convenu de nommer « la révolution verte » pour l’augmentation de la production et de la productivité agricoles.
« Notre préoccupation repose sur la terre, le mode d’utilisation de la terre, le bon usage de la terre pour la production organique (produits non chimiques) et de semences non génétiquement modifiées. Sans agriculture, il n’y a pas de vie », indique Renaldo Chingore João, président de l’Union nationale des paysannes et paysans de Mozambique (Unac).
Chingore João soutient que son organisation va effectuer un suivi de ses desiderata « pour voir dans quelle mesure notre position est respectée » [par le gouvernement mozambicain].
Pour l’Unac, il existe une nouvelle colonisation, imposée de l’extérieur, en Afrique.
La révolution verte, qui a commencé dans les années 1960, s’est servie de beaucoup de produits chimiques dans l’agriculture, écartant l’opportunité pour les paysans de disposer de moyens pour recycler les produits organiques dans leur économie familiale.
Voilà pourquoi, avance Chingore João, le défi aujourd’hui consiste à définir et apporter des solutions aux problèmes soulevés dans les modes de production dans l’agriculture internationale.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article7803