Nairobi, le 23 janvier. La Via Campesina a initié aujourd’hui le volet africain de la Campagne Globale pour la Réforme Agraire, pendant le Forum Social Mondial à Nairobi. La campagne s’est développée en Amérique latine depuis 1996 et les fruits de cette campagne peuvent désormais être récoltés en terre africaine. L’un des objectifs est la lutte contre la faim.

“Nous sommes convaincus que nous réalisons des avancées en Amérique latine et ce modèle peut désormais être suivi en Afrique. Nous devons avancer dans ce continent, qui est le plus pauvre au monde. Nulle part ailleurs n’existe telle pauvreté. L’une des choses qui doivent être réalisées est le combat contre cette misère, afin de récupérer les ressources naturelles (eau, terre, semences, mines, etc.) au nom du peuple. Rien qu’en Afrique du Sud, vivent approximativement 15 millions de gens sans terre”, a déclaré Rafael Alegria, coordinateur international de la campagne.

Selon le coordinateur, le concept de la réforme agraire consiste en la souveraineté alimentaire pour tous, et non seulement pour les peuples indigènes et les paysans. “Pour cette raison, nous avons cherché à créer des alliances avec d’autres organisations et mouvements sociaux, afin de construire un vaste et puissant mouvement du peuple en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Après l’Afrique, l’objectif est d’initier une campagne en Asie”, a-t-il déclaré

Lors du lancement, Diamantino Nhampossa du Mozambique, représentant de l’Union Nationale des Paysans (UNAC) et coordinateur de La Via Campesina en Afrique, a souligné la cruauté de la colonisation et les luttes pour la libération du peuple africain. “Il y a 500 ans, le colonialisme a pris nos terres. Depuis la décade des années 80, nos terres ont été saisies par la Banque Mondiale et maintenant, la seule échappatoire est de se mobiliser et de réaliser des campagnes comme celle-ci, pour que les peuples luttent pour leurs droits”, a constaté Diamantino.

Au terme de l’événement, des semences originaires du maïs maya envoyé par les zapatistes du Mexique, ont été remises aux paysans et paysannes d’Afrique

La Via Campesina
La délégation de La Via Campesina a participé à l’événement, avec près de 50 délégués provenant de différents pays (Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Zambie, Malawi, Nigeria, Angola, Congo, Brésil, France, Cuba, République dominicaine, Népal, Madagascar, Thaïlande, Honduras, Nicaragua, Norvège, Mozambique, Espagne, Indonésie, etc.). Pendant l’événement, La Via Campesina a débattu des thèmes tels que la réforme agraire, la souveraineté alimentaire, les ressources naturelles, le genre et l’éducation, en plus des stratégies de lutte contre le commerce agricole, les vastes propriétés terriennes et les corporations transnationales.

Selon Rafael Alegria, il est important que des espaces comme le FSM existent, afin de renforcer la lutte paysanne. “Cette édition représente une opportunité de renforcer le peuple africain. 'Un autre monde est possible!' est la devise du FSM, et après six ans, nous pouvons être sûrs qu’une autre campagne est possible.”