Pour la 2ème Conférence Internationales de la Réforme Agraire et Développemont Rural –FAO
Manifeste des femmes paysannes
Nous sommes des femmes paysannes, filles de cette terre brésilienne. Cela fait 500 ans que cette terre a été mouillée avec notre sang et la sueur de beaucoup de travail, à travers de générations de femmes et d’hommes d’éthnies différentes. Malgré la résistence des peuples - indigènes, noirs et pauvres blancs – la richesse de notre territoire est exploitée par les grands groupes capitalistes. Le Brésil est loin d’être une nation libre et souveraine.
A l’occasion de cette 2ème conference internationale sur la réforme agraire et le developpement rural nous voulons manifester notre colère pour denouncer toutes les formes de violence dont elles sont victimes quand ce n’est pas pour y laisser leur vie. On confirme surtout notre engagement pour une société socialiste, sans inégalités de classe, d’éthnie et de gendre.
Pour les capitalistes, la terre, l’eau, les sémences, l’air et les fôrets sont des ressources qui doivent être exploitées pour ses interêts économiques. Pour nous, ruraux, ces éléments de la nature sont la base de la vie, sont des richesses qui n’ont pas de prix, et c’est pour cela qu’ils ne peuvent pas être exploités. Au nom du développement, du progrès et de la modernité, le capitalisme progresse, sans limites, em transgressant les lois et sans scrupules.
Les entreprises capitalistes transforment, en collaboration avec la majorité des gouvernements, l’agriculture en un commerce, c’est de l’agrobusiness. Elles exploitent nos richesses et notre territoire en abusant. La population est transformée en main d’oeuvre bon marché pour être exploitée.
On marche vers la Conférence Internationale de la Reforme Agraire et du Développemont Rural (CIRADR) parce que:
Nous sommes contre l’hégémonie des entreprises multinationales et contre la politique des banques et institutions internationales (spécialement l’Organisation Mondiale du Commerce OMC, la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International FMI et la Banque Interaméricaine de Développement). La majorité des gouvernements du monde a adopté cette politique. Elle sert le capital et accélère l’appauvrissement principalement parmi les femmes et les enfants.
On exige des réformes agraires intégrales, qui garantirons la souveraineté alimentaire des pays. La production agricole doit se faire dans le respect des coutûmes culturales de chaque peuple, et non pas suivant les intérêts d’une demi douzaine de groupes multinationales.
Nous sommes contre les déserts verts, les plantations énormes d’eucaliptus et d’autres plantes qui couvrent déjà des milliers d’hectares au Brésil et en Amérique Latine. Rien que dans l’état de Rio Grande do Sul, il y a déjà 200’000 hectares d’eucaliptus. Où le désert vert avance, la biodiversité est détruite et les fleuves s’asèchent, sans oublier la pollution énorme gérée par les fabriques de celulose qui contaminent l’air et l’eau et menacent la santé des êtres humains.
Au Brésil, les entreprises qui contrôlent le desert vert sont appuyées par le gouvernement pour construire des fabriques de celulose et augmenter les plantations de bois. Au cours des trois dernières années, pour près de 250’000 hectares de eucaliptus au Brésil, la Aracruz Celulose a reçu presque 2 millards de reais du gouvernement brésilien. Si le désert vert continue à grandir, dans peu de temps les reserves d’eau s’épuisent au détriment de la production agricole. On n’arrive pas à comprendre comment un gouvernement qui veut éradiquer la faim peut en même temps, contribuer à léxtension du désert vert au lieu d’investir dans la réforme agraire et dans l’agriculture.
On marche avec les propositions suivantes:
On propose une réforme agraire intégrale, afin de redistribuer notre terre équitablement pour garantir une justice sociale pour les paysans et les paysannes.
On revendiquent notre souveraineté alimentaire en préservant la biodiversité, les forêts, les plantes medicinales, les sémences créoles, l’eau, la terre, tout ce qui constitue notre patrimoine.
On propose que les gouvernements assument une politique qui opte pour une production d’aliments sains et diversifiés tout em garantissant des salaires. Il faut en finir avec le monopôle des groupes économiques qui contrôlent les sémences et l’agriculture avec des patentes et imposent comme cela les mêmes coutûmes alimentaires pour tout le monde.
Pour nous, paysannes et paysans, la terre doit remplir une fonction sociale et non commerciale. Elle doit nourrir la vie et pas le profit.
On réclame des investissements publics en sciences, technologies et des études pour une agriculture paysanne écologique.
On propose une valorisation du salaire généré par l’agriculture paysanne, en garantissant des prix justes pour les produits agricoles paysans et la commercialisation populaire et solidaire, au bénéfice des marchés locaux.
On réclame une politique publique pour les paysans et les paysannes: au niveau de la santé, de la sécurité sociale, des crédits, des transports, des voiries, des loisirs, des habitations, des infrastructures, de la formation...
Ce 8 mars, on met en solidarité les femmes paysannes et les travailleuses urbaines du monde entier qui souffrent sous diverses formes de violence imposés par cette société capitaliste et patriarcal.
Nous sommes dans les rues parce que nous croyons que les vrais changements dans nos sociétés se feront grâce à un peuple organisé. Nous sommes convaincues qu’une autre globalisation est possible. Elle se construira sur la solidarité entre les peuples et le respect des différences. Que ce soit au niveau des ethnies, des réligions. Elle devra respecter les cultures et l’égalité des genres. La préservation des richesses naturelles devra passer avant les intérêts du capital. C’est avec toutes ces convictions que nous les femmes paysannes et travailleuses continueront notre combat.
Vive le 8 mars!
Il faut globaliser la lutte, l’espoir, la solidarité!
Movimento de Mulheres Camponesas (MMC)
Movimento dos Sem Terra (MST)
Movimento dos Pequenos Agricultores (MPA)
Movimento dos Atingidos pelas Barragens (MAB)
Pastoral da Juventude Rural (PJR)
Comissão Pastoral da Terra (CPT)
Porto Alegre, 8 mars 2006.