Brésil : les mouvements sociaux changent de stratégie pour le second mandat de Lula
En 2007, les principaux mouvements sociaux du Brésil changeront de stratégie de relation avec le gouvernement du Président Luiz Inácio Lula da Silva, du parti de gauche Parti des Travailleurs, pour son second mandat. Ce changement sera mené par les mouvements paysans tels que le Mouvement de Travailleurs ruraux Sans Terre (MST) et le Mouvement de Petits Agriculteurs (MPA), afin « d’inscrire dans l’agenda du gouvernement la question de la réforme agraire » ainsi que l’ont déclaré sur les ondes de Radio Mundo Real Elsa Nivia, de la coordination nationale du MST, et Maria Tavares, de la direction nationale du MPA.
Environ 15 délégués de différentes organisations et mouvements brésiliens sont présents au Forum Mondial pour la Souveraineté Alimentaire qui se déroule actuellement à Selingué, un village de l’intérieur du Mali, afin de présenter leurs expériences de luttes pour la réforme agraire et pour coordonner des actions à niveau local et à niveau global avec d’autres mouvements qui luttent pour la souveraineté alimentaire.
Selon Elsa Nivia, au cours de la deuxième étape du premier mandat de Lula les mouvements sociaux ruraux avaient parié sur une stratégie de dialogue pour faire avancer leurs principales revendications, renonçant aux mobilisations et aux occupations, de terres improductives ou de bureaux de l’Institut National de Colonisation et Réforme Agraire (INCRA).
Ce qui donne la force et qui motive ce changement de stratégie des mouvements paysans sont « les grandes expectatives frustrées » qu’ont vécu les secteurs populaires des campagnes dans leurs tentatives d’accéder à la propriété de la terre et aux crédits qui leur auraient permis de mener à bien les tâches de production.
« Que ce soient les familles sans terre, qui n’ont pas été établies, ou les petits agriculteurs familiaux, qui n’ont pas reçu les aides nécessaires au maintien de leur production, les expectatives étaient énormes et la déception le fut également devant le peu qui a été fait par le gouvernement. » a assuré María du MPA.
Etant donnée la situation, le deuxième mandat de Lula connaîtra « de
nombreuses mobilisations et une grande effervescence des revendications populaires ». Le MST, conjointement aux autres mouvements paysans et populaires, a élaboré un agenda de luttes pour le premier semestre 2007, qui se concluront à l’occasion du Congrès National qui se tiendra à Brasilia en juin.
« Cette année, nous préparons pour mars et avril un approfondissement de la lutte avec de grandes mobilisations et des occupations de terres » a déclaré Elsa Nivia à Radio Mundo Real. Les demandes seront les mêmes que celles défendues par le MST ces dernières années : dénoncer l’avancée de l’agro-négoce et des grandes entreprises de l’alimentation, la lenteur de la répartition des terres et l’absence de politique de soutien aux petits agriculteurs.
« Notre stratégie vis-à-vis du gouvernement sera maintenant celle de la
"prose et du bâton" » a déclaré textuellement Elsa Nivia. « Nous n’allons
pas faire comme pendant les années précédentes où le dialogue était notre premier outil. Maintenant nous sommes prêts à aller au devant d’une période d’affrontement » a souligné la dirigeante.
*Traduction Cathy ARNAUD*