Remodeler l'agriculture internationale sur des bases de la souveraineté alimentaire

2008-10-21 00:00:00

www.alterpresse.org/spip.php?article7804
Matola (Maputo, Mozambique),--- Le mouvement international paysan Via Campesina réaffirme, ce dimanche 19 octobre 2008, son engagement en faveur de la reconstruction d’une agriculture internationale reposant sur les principes de souveraineté alimentaire dans tous les pays du monde par la production d’aliments sains devant nourrir la population mondiale, observe l’agence en ligne AlterPresse.
« Nous devons trouver une réponse à la crise alimentaire qui tend à faire augmenter la faim dans le monde, où 800 millions de personnes vivent de l’agriculture », lâche l’indonésien Henry Saragih, coordonnateur de Via Campesina dans ses propos d’inauguration du Ve congrès du mouvement international paysan à Matola, localité sise au sud de Maputo, la capitale du Mozambique.
Cette demande a été formulée devant plus de 600 délégués, paysannes et paysans de tous les continents, et en présence du président du Mozambique, Armando Emilio Guebuza, qui a participé à la cérémonie officielle d’ouverture du cinquième congrès de Via Campesina.
Saragih, qui est aussi secrétaire général de l’Union des paysannes et paysans d’Indonésie, convie tous les pays à ne pas céder à la tentation de donner la terre aux transnationales, mais à plutôt changer de politique en faveur de l’agriculture et des zones rurales, de la création d’emplois agricoles durables aux paysannes et paysans, pour faire face à la crise actuelle de l’humanité, l’augmentation des affamés dans le monde.
Comme le reconnaissent la Banque mondiale (Bm) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), la crise alimentaire actuelle ne sera résolue que par un processus de reprise endogène de la production agricole, ajoute l’hondurien Rafael Alegria de la coordination Amérique centrale de Via Campesina.
Insistant sur le caractère nouveau de la crise, « jamais vécue auparavant dans le monde », marquée par un capital financier international spéculatif, Alegria, par ailleurs coordonnateur de la campagne globale pour la réforme agraire au Honduras et aussi de la commision de coordination internationale de Via Campesina, stigmatise la tendance à vouloir utiliser, notamment dans les pays du Sud, le maïs, le soja et la palme dans la production d’agrocarburants.
« Nous n’avons aucune idée sur les éventuelles conséauences de la crise financière récente sur la production agricole et la vie des paysans. Mais, face aux risques possibles de difficultés d’obtention de crédit et d’argent (beaucoup de personnes ayant perdu emplois et maisons aux Etats-Unis d’Amérique habitent présente,ent dqns leurs voitures), et pour arriver à survivre du marasme, il convient d’encourager la production agricole et de suivre la voie de la souveraineté alimentaire », préconise l’étatsunienne Dena Hoff vice-présidente de la Coalition nationale des paysannes et paysans des Etats-Unis d’Amérique, et membre de la CCI de Via Campesina Amérique du Nord.
La militante paysanne de Maryland suggère l’entraide et la solidarité, la responsabilité des organisations sociales, notamment dans la recherche de variétés de plantes susceptibles de contrecarrer les changements climatiques. Elle en profite pour dénoncer le néolibéralisme qui récompense les institutions apportant la famine dans le monde.
Cependant, « qu’allons-nous manger ? Une nouvelle inégalité se dessine : celle des générations, parce que nous mettons en péril l’avenir de nos enfants », s’interroge Josie Riffaud de la confédération paysanne de France et de la CCI de Via Campesina.
Le pire, note-t-elle, les solutions proposées, par exemple, au problème du réchauffement climatique – thème abordé dans l’assemblée des femmes de Via Campesina les 17 et 18 octobre 2008 – vont aggraver la situation déjà désastreuse.
Des chants, poèmes et danses africaines ont fait vibrer l’assistance d’émotion à l’ouverture de la cérémonie officielle du 19 octobre 2008, suivie d’une conférence de presse pour les journalistes nationaux mozambicains et étrangers.